Encore une centrale hydroélectrique autorisée sur une Rivière à fort enjeu écologique

Le 14 mai 2025, la cour administrative d’appel de Lyon a validé la construction d’une centrale hydroélectrique sur la rivière Sallanche, affluent de l’Arve (en Haute Savoie). FNE avait attaqué en 2019 l’arrêté préfectoral d’autorisation environnementale, le projet menaçant cette rivière classée réservoir biologique et dérivant plus de la moitié de l’eau passant dans la Sallanche. Ce jugement fait suite à une première décision du tribunal administratif de Grenoble, rendue le 6 décembre 2022, qui avait initialement annulé l’autorisation de ce projet en raison justement des risques qu’il présentait pour l’écosystème.

FNE AURA (France Nature Environnement AUvergne-Rhône-Alpes), constate que cette décision entraîne une nouvelle artificialisation des cours d’eau, un phénomène qui est à l’origine des difficultés à atteindre leur bon état écologique des rivières. En effet, plus de la moitié des rivières du bassin Rhône-Méditerranée sont dans un état non satisfaisant et de nombreuses rivières déjà modifiées par des aménagements artificiels peinent à maintenir une biodiversité équilibrée.

Sur le plan juridique, la cour administrative d’appel a adopté une interprétation différente de la législation en vigueur, en particulier de l’article R214-109 du Code de l’environnement. Contrairement au tribunal administratif de Grenoble, elle n’a pas jugé que la dérivation prévue affecterait de manière significative l’hydrologie de la rivière, alors même que cette dernière est classée en réservoir biologique.

La cour a donc annulé le jugement du tribunal administratif de Grenoble et validé l’arrêté préfectoral du 26 décembre 2019 autorisant le projet. FNE a été condamnée à verser 2 000 euros à la RGE au titre des frais de justice. Le projet, porté par la RGE (Régie de Gaz et d’Electricité), représente un investissement de 6 millions d’euros.

Ce jugement reflète une incertitude juridique persistante, notamment après une tentative législative en 2019 visant à simplifier l’interprétation des règles relatives à la protection des réservoirs biologiques. Toutefois, le Conseil d’État a annulé cette modification et privilégie une approche au cas par cas, ce qui entraîne des risques de décisions contradictoires et accroît l’insécurité juridique pour la protection de la biodiversité.

Pour en savoir plus :

Cour administrative d’appel de Lyon :
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/jurisprudence/57.pdf

FNE :
https://www.fne-aura.org/communiques/region/centrale-hydroelectrique-de-sallanches-un-pas-de-plus-vers-la-degradation-de-nos-cours-deau/

Disparition de Philippe Auclerc et Laurent Roy : hommage

En ce début mars 2025, nous avons appris avec tristesse la disparition brutale de deux hommes passionnés et engagés pour les rivières : Philippe Auclerc, Rédacteur en chef pendant 25 ans de « La Loire et ses Terroirs » et de la lettre « Les Nouvelles du bassin de la Loire » et Laurent Roy, ancien Directeur de l’Eau et de la Biodiversité au Ministère de 2013 à 2015 et ancien Directeur de l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse jusqu’en 2023. Notre association a eu la chance de travailler avec eux, ils ont souvent partagé les visions de notre association et leurs compétences ont fait avancer la cause des rivières.

Philippe Auclerc était un fin connaisseur du territoire ligérien et de ses acteurs. Son engagement pour la préservation de la Loire et de ses affluents était profond et sa plume était sincère et souvent aiguisés sur la description du jeu d’acteur et le sens de la gestion de l’Eau du bassin. Son travail a plusieurs fois croisé les actions de l’association SOS Loire Vivante, il est venu nous voir dès les débuts de notre combat dans les années 1990 et a encore récemment été le modérateur de notre dernier colloque « Des Saumons et des Hommes » à Brioude en 2023, un sujet qui l’animait fortement. À travers ses écrits, il a su sensibiliser un large public aux enjeux environnementaux et patrimoniaux de ce fleuve. La disparition de Philippe marque la fin d’une époque pour les passionnés de la Loire, c’était le seul encore aujourd’hui à informer de la vie du fleuve, avec un sens critique, de la source à l’estuaire. Nous espérons que son projet de relier les ligériens perdurent. Nos pensées vont à sa famille et ses proches.

Laurent Roy a également joué un rôle important en faveur des politiques de gestion de l’eau et de préservation de la biodiversité en France tout au long de sa carrière. Avec European Rivers Network nous avons pu le rencontrer plusieurs fois lorsqu’il était au Ministère et à l’Agence de l’Eau, notamment au sujet du rétablissement de la continuité écologique sur le Rhin ou en lien avec le projet du label « Sites Rivières Sauvages ». Homme de conviction, sa capacité à dialoguer et échanger de manière constructive en faisait une personnalité respectée dans le milieu. Nous présentons nos sincères condoléances à sa famille.

L’UICN recommande l’arrêt des prélèvements d’eau sur la rivière Shushica en Albanie et l’utilisation d’alternatives

L’UICN a publié un rapport d’évaluation sur le projet controversé de captage d’eau de la rivière Shushica, un affluent de la rivière Vjosa dans le parc national albanais de la Vjosa (VWRNP). Avec ce projet, le gouvernement albanais vise à détourner l’eau vers la côte méditerranéenne pour soutenir le tourisme à grande échelle. Le rapport, élaboré par de grands experts internationaux et albanais, conclut que le projet proposé aurait un impact grave sur la biodiversité du parc national et ne respecterait pas les normes de l’UICN relatives aux parcs nationaux. Il recommande d’éviter complètement le projet et d’utiliser d’autres ressources en eau à la place. « L’évitement est obligatoire pour parvenir à une perte nette nulle de la biodiversité et éviter des impacts négatifs significatifs sur l’intégrité du PNRVW et ses objectifs », indique le rapport (UICN, 2025, p. 59).

EcoAlbania, Riverwatch et EuroNatur se félicitent des résultats du rapport et invitent le gouvernement albanais à agir de manière décisive sur la base des conclusions du rapport et à protéger le PNRV en donnant la priorité au scénario d’évitement. Ce scénario interdit le prélèvement d’eau dans la rivière Shushica et recommande d’autres sources d’eau à l’extérieur du parc, garantissant ainsi le respect des objectifs du parc national.

Lire le communiqué de presse  :

Joint press release by EcoAlbania, Riverwatch and EuroNatur

 

Tirana, January 29, 2025  –  This Monday, the International Union for Conservation of Nature (IUCN) released an assessment report about the controversial water abstraction project from the Shushica River, a vital tributary of the Vjosa River within Albania’s Vjosa Wild River National Park (VWRNP). With the project, the Albanian government aims to divert water to the Mediterranean coast to support large-scale tourism. The report, developed by leading international and Albanian experts, concluded that the proposed project would have a severe impact on the national park’s biodiversity and fail to comply with IUCN national park standards. It recommends avoiding the project altogether and using alternative water resources instead. “Avoidance is mandatory to achieve No Net-Loss of biodiversity and avoid significant adverse impacts on the integrity of the VWRNP and its objectives.” so the report states (IUCN, 2025, p. 59).

 

EcoAlbania, Riverwatch and EuroNatur welcome the results of the report and urge the Albanian government to act decisively on the report’s findings and protect the VWRNP by prioritizing the Avoidance Scenario. This scenario prohibits water abstraction from the Shushica River and recommends alternative water sources outside the park, ensuring that the national park’s objectives are upheld. WATCH OUR VIDEO

Key Findings of the Assessment

  • Violation of National Park criteria & Severe Ecological Risks: The assessment highlights the project’s potentially devastating impacts, including:
    • Loss of critical habitats for endangered species, such as fish, amphibians, and aquatic vegetation.
    • Irreversible damage to sediment transport, water quality, and biodiversity.

As a result of the above, the project is in violation of IUCN guidelines for Category II National Parks, to which the Albanian government has committed itself. It “is expected to have implications for the objectives of the VWRNP. As planned, the project water abstraction will not comply with IUCN guidelines for Category II National Parks, potentially affecting the park’s integrity and conservation objectives as well as ecosystem services.” (IUCN, 2025 Executive Summary)

  • Lepusha Springs Are Crucial: Contrary to the claims of the project proponents – including the Albanian Ministry of the Environment – the Lepusha Springs are of crucial importance for the Shushica. They form the primary source of the river and are integral to the river’s ecosystem. The IUCN report describes the springs as a “key inherent part of the Shushica River, given the functional meaning for the whole river ecosystem.” (IUCN, 2025, p. 22) The project as planned would extract the entire flow of the springs during dry months, leaving no water for the river’s biodiversity.
  • Viable Alternatives Exist: The assessment identifies several alternative water sources, such as the Borshi, Tatzati and Fera Springs, which are capable of meeting water demand without damaging the Vjosa Wild River National Park.
  • Climate Change Compounds the Risk: With climate change projected to reduce water availability in the Vjosa and Shushica River by 30% by 2050, the ecological impact of water abstraction would be even more severe in the future.

The Austrian company STRABAG has been laying these pipes to divert the spring water of the Shushica to the Mediterranean coast © Adrian Guri

 

NGOs and Local Communities Call for Immediate Action
The NGOs of the Blue Heart campaign and local residents of the Shushica Valley are united in their opposition to the planned project.

“This report reinforces the stance we’ve held since the start of this fight: the project would cause significant damage to vast areas of the Wild River National Park, and with alternative water sources available, it is completely unnecessary,” said Olsi Nika from EcoAlbania. “The Avoidance Scenario is the only path forward to protect one of Europe’s last wild river ecosystems and preserve the integrity of the VWRNP.”

“For generations, the Shushica River has been the lifeline of our valley—providing water for our fields, supporting our livelihoods, and offering a place of natural beauty,” said ,” said Astrit Balilaj, mayor of the village Kuç in the Shushica Valley .“We will not stand by and let this project destroy our river and our way of life. The government must listen to science and choose the Avoidance Scenario to protect our future.”

NGOs echo the call to abandon plans that threaten the national park, urging project developers, including the Albanian Development Fund, to embrace sustainable alternatives that respect the park’s integrity and long-term ecological health.

 

Over 30 villages face an uncertain future due to the water abstraction project, but resilient local communities continue to stand united in opposition. © Adrian Guri


Background information

  • Other Scenarios Evaluated: In addition to Avoidance, the report assessed two other scenarios of lower priority, following the standardized framework of an IUCN Mitigation Hierarchy Assessment:
    • Minimization/Mitigation Scenario: : This would necessitate significantly less water abstraction from the Lepusha Springs, a complete redesign of the water intake and the use of alternative sources in parallel. A year-long hydrological and biodiversity study is required to determine an environmental flow regime and so is “an Environmental Impact Assessment (EIA) according to the amended EIA Directive” (IUCN, 2025, p. 65) in order to minimize environmental impacts during construction phase. This means that construction could not proceed as currently planned.
    • Offsets Scenario: Under this scenario, the project would proceed as planned but compensation measures—such as expanding the VWRNP boundaries to include additional areas, such as the Vjosa Delta—would be required to offset the damage. However, the report stresses that offsetting cannot fully mitigate the ecological harm caused by the project.
  • Download the Full Report and the Executive Summary. The report was independently financed by IUCN, and through aligned grant funds from Patagonia, and the Gordon and Betty Moore foundation, and was prepared by leading international and Albanian experts.
  • The Shushica, a key tributary of the Vjosa and part of Europe’s first Wild River National Park, faces threats from a water abstraction project. The government plans to divert its spring water to the Mediterranean coast to support large-scale tourism. While a 17 km pipeline from Kuç to Himara is nearly complete, the critical diversion infrastructure remains unbuilt. Financed by KfW and the EU (Western Balkans Investment Framework) and constructed by Austrian STRABAG, the project is both destructive and unnecessary, as alternative water sources exist outside the park. Local communities are determined to stop the diversion dam.
  • The Vjosa is one of the last big wild river in Europe outside Russia. Along her course of almost 270 kilometers, the river flows entirely unobstructed from the Pindus Mountains to the Adriatic Sea. In March 2023, after ten years of our campaign, the Albanian government proclaimed Europe’s first Wild River National Park.
  • Photos attached: The attached photo material can be used once in connection with this press release and indicating photo credits. Photos in print quality on request.

Contact
Besjana Guri – EcoAlbania b.guri@ecoalbania.org   0035/692954214
Ulrich Eichelmann – Riverwatch ulrich.eichelmann@riverwatch.eu 0043/6766621512
Christian Stielow – EuroNatur christian.stielow@euronatur.org 0049/7732 9272 15

 

logo Living Rivers Europe

Living Rivers Europe publie sa position pour une Europe plus résiliente au climat et à l’eau

L’Europe se trouve à un tournant décisif. En tant que continent se réchauffant le plus rapidement, nous sommes témoins des effets dévastateurs du changement climatique – des inondations meurtrières aux sécheresses graves et aux incendies de forêt – tous provoqués par des événements hydrologiques extrêmes. Dans le même temps, l’eau douce de l’Europe est largement polluée, moins de 30 % des eaux de surface répondant aux normes de pollution fixées par la directive-cadre sur l’eau. Le temps presse, mais un leadership décisif de l’UE peut ouvrir la voie à un avenir résilient.

Alors que l’UE prépare sa stratégie de résilience de l’eau, la coalition Living Rives Europe lance sa position commune sur la voie à suivre pour une Europe résiliente face à l’eau et au climat.

Lire la position 

Fontgombault (en fonctionnement), Bénavent, Saint-Gaultier, Ruffec, les projets de microcentrales sur la Creuse se s’arrêtent plus

Fin octobre, le commissaire enquêteur a rendu, un avis favorable au projet d’autorisation de la centrale hydroélectrique du moulin de Bénavent balayant les cinq avis des associations de protection de l’environnement, expertes dans le domaine de l’eau et des rivières. Elles avaient pourtant démontré que le projet ne répondait pas aux enjeux de la restauration de la continuité écologique et des poissons migrateurs sur un cours d’eau classé axe prioritaire et réservoir biologique par le SDAGE et la stratégie nationale biodiversité.  Malgré toute la bibliographie existante sur l’impact des seuils et les idées reçus, on peut encore lire dans les conclusions du rapport que l’ouvrage « protègera les habitations des villes et villages situés en aval du moulins »!

Lire le rapport d’enquête publique de Bénavent

Lire nos avis lors de l’enquête publique sur Bénavent, Saint- Gaultier 

Un rapport de l’AEE sur l’état des masses d’eau en Europe vient de paraitre : La pollution, la surexploitation et le changement climatique menacent la pérennité des ressources en eau en Europe

La crise de l’eau en Europe nécessite une attention urgente, selon le rapport de l’AEE sur l’état de l’eau

Bruxelles, Belgique, 15 octobre 2024 (ceci est une traduction proposée, se référer à la version originale en anglais si besoin )

Un nouveau rapport de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) révèle que les ressources en eau de l’Europe sont soumises à de fortes pressions et qu’aucun progrès significatif n’a été réalisé depuis 2009*.

Le rapport intitulé «Europe’s state of water 2024: the need for improved water resilience», souligne l’urgence d’une mise en œuvre plus stricte de la directive-cadre sur l’eau (DCE), de changements significatifs dans la production agricole, d’une réduction de la pollution et d’une restauration urgente des écosystèmes.

Ses principales conclusions sont les suivantes

  • Moins de 40 % des eaux de surface, telles que les rivières et les lacs, sont actuellement en bonne santé.
  • Près de 25 % des masses d’eau souterraines ne sont pas en bon état chimique, alors qu’elles fournissent près des deux tiers de notre eau potable.
  • L’état chimique des rivières, des lacs et des eaux côtières s’est encore détérioré, moins de 30 % d’entre eux répondant aux normes de pollution fixées par la directive-cadre sur l’eau.
  • Les pratiques agricoles néfastes, en particulier l’utilisation intensive de nutriments et de pesticides, continuent d’exercer la pression la plus importante sur l’eau. La pollution diffuse due à l’agriculture touche 32 % des eaux souterraines et 29 % des eaux de surface.
  • La pollution chimique provenant des centrales au charbon, ainsi que les modifications des cours d’eau dues à la construction et à la rectification de barrages, exercent également une pression considérable sur les eaux de surface.

Claire Baffert, Senior EU Policy Officer, Water & Climate Change Adaptation at WWF European Policy Office, a déclaré: « Le mauvais état persistant des eaux européennes montre que les États membres ne parviennent pas à résoudre la crise de l’eau, année après année : La directive-cadre sur l’eau est en place depuis plus de vingt ans, mais ses objectifs restent largement inatteignables parce que les gouvernements nationaux ne prennent pas ses exigences au sérieux. Malheureusement, comme le montre le rapport Draghi*, de nombreux appels sont lancés pour affaiblir les normes de la directive afin de faciliter les projets nuisibles, alors qu’il faudrait au contraire donner la priorité à la protection de nos ressources en eau ».

Sara Johansson, responsable politique pour la prévention de la pollution de l’eau au BEE, a déclaré: « Les données de l’AEE montrent que moins de 30 % des eaux de surface sont en bon état chimique. Bien que ces statistiques soient alarmantes, elles ne donnent pas une image complète de la situation car elles ne sont évaluées que par rapport à une liste limitée et obsolète de polluants. De nouvelles normes de qualité pour l’eau doivent être adoptées de toute urgence afin que la surveillance et la planification des mesures puissent être incluses dans les prochains plans de gestion des bassins hydrographiques ».

Mark Owen, directeur de la European Anglers Alliance, a déclaré: « Ce rapport ne met pas seulement en évidence la crise à laquelle nous sommes confrontés avec l’état des eaux de l’UE, mais aussi le coût significatif auquel les citoyens devront faire face en raison de l’inaction continue des États membres. Le rapport montre la voie à suivre avec l’exemple de l’Estonie qui a restauré 3 300 km de rivières en supprimant les barrages et en restaurant les cours d’eau, ce qui a permis d’accroître la biodiversité en améliorant la situation de 32 espèces. Des actions similaires sont désormais nécessaires dans l’ensemble de l’UE.

Irene Duque, responsable de la politique de l’eau douce à Wetlands International Europe, a déclaré: « Merci à l’AEE ! Nous avons entendu le message haut et fort : notre résilience hydrique est en danger. La voie à suivre pour atteindre les objectifs de l’UE et améliorer la santé des eaux européennes est tout aussi claire : la restauration des zones humides plutôt que la maladaptation. La construction de barrages et le recours à davantage d’infrastructures grises continuent de s’avérer contre-productifs, aggravant souvent les problèmes qu’ils visent à résoudre. La restauration des zones humides reste une priorité mineure dans l’agenda de l’UE, mais pour ceux qui s’inquiètent des inondations dévastatrices, des sécheresses, du déclin des poissons d’eau douce ou de l’accès à l’eau en tant que droit de l’homme, il s’agit vraiment d’une évidence ».

Andras Krolopp, responsable de la politique en matière de biodiversité à The Nature Conservancy Europe, a déclaré: « L‘état des eaux européennes est un signal d’alarme qui appelle à une action urgente. Comme le montre le rapport de l’AEE, il ne s’agit pas seulement d’un problème européen, mais d’une crise mondiale. Rétablir le libre écoulement d’au moins 25 000 km de cours d’eau n’est pas seulement une nécessité environnementale : c’est un engagement en faveur de la biodiversité et de notre avenir. L’Europe s’est engagée à l’échelle mondiale à atteindre cet objectif dans le cadre de la convention sur la diversité biologique et de la loi sur la restauration de la nature. Nous devons accélérer la mise en œuvre de la directive-cadre sur l’eau et donner la priorité à la protection de l’eau et des écosystèmes dans toutes les politiques. C’est maintenant qu’il faut agir, et le retard n’est pas une option ».

Les Européens sont de plus en plus nombreux à payer le prix de l’inaction de leur gouvernement face à la crise de l’eau. Selon la dernière enquête Eurobaromètre, 78 % des Européens souhaitent que l’Union européenne s’attaque davantage à la pollution de l’eau.

La coalition d’ONG Living Rivers Europe* exhorte les États membres à accélérer la mise en œuvre de la directive-cadre sur l’eau afin d’améliorer la qualité des eaux européennes et d’ intégrer la protection de l’eau et des écosystèmes dans toutes les politiques.

 

*La tendance à la détérioration de l’état chimique des eaux de surface et l’absence globale de progrès sont en partie liées au fait que les États membres améliorent leurs pratiques de surveillance, ce qui permet d’identifier davantage de polluants qu’auparavant.

*Dans sa précédente évaluation de 2018, l’AEE a indiqué que « l’on peut s’attendre à ce que, d’ici à la rédaction des troisièmes plans de gestion de district hydrographique (2019-2021), certaines des milliers de mesures individuelles prises dans le cadre des premier et deuxième plans de gestion de district hydrographique aient eu un effet positif sur l’obtention d’un bon état. » Cela n’a pas été le cas, ce qui montre que de nombreux États membres n’ont pas mis en œuvre les mesures prévues.

*Le rapport Draghi note que l’UE devrait envisager d’autres mises à jour ciblées de la législation environnementale de l’UE (c’est-à-dire la directive sur l’évaluation des incidences sur l’environnement, la directive Oiseaux, la directive Habitats, la directive-cadre sur l’eau et, éventuellement, la directive ESE) pour les installations et les réseaux d’énergie renouvelable. Elle envisage d’inclure des exemptions limitées (dans le temps et dans le périmètre) dans les directives environnementales de l’UE (par exemple, la directive « Habitats » et la directive « Oiseaux ») jusqu’à ce que la neutralité climatique soit atteinte. Les exigences en matière d’exemption doivent être respectées sous certaines conditions (par exemple, les installations ne mettent pas en danger la population et les mesures d’atténuation).

*Une illustration de la mise en œuvre insuffisante de la DCE peut être trouvée dans la résurrection de projets d’infrastructure qui endommagent les rivières biodiversifiées, tels que le projet hydroélectrique de Răstolița en Roumanie, ou le projet de structure hydraulique TURNU MĂGURELE -NIKOPOL sur le Danube.

*Living Rivers Europe est une coalition d’organisations qui plaident pour la défense, le maintien et la mise en œuvre de la DCE dans sa forme actuelle. La coalition comprend l’Alliance européenne des pêcheurs, le Bureau européen de l’environnement, European Rivers Network, The Nature Conservancy, Wetlands International et le WWF, représentant un mouvement de plus de 40 millions de citoyens européens. Voir le manuel de Living Rivers Europe pour le mandat 2024-2029.

Le règlement européen sur la restauration de la nature est adopté

Aujourd’hui, le 17 juin 2024, le Conseil de l’environnement de l’UE a finalement adopté la loi sur la restauration de la nature (NRL), marquant ainsi la dernière étape pour que cette proposition tant attendue devienne une loi. C’est un moment historique pour la biodiversité, l’action climatique, et l’avenir des citoyens européens. Les États membres ont respecté leurs engagements et avec une majorité de 20 pays, représentant 66,07 % de la population, la loi a été officiellement approuvée, grâce à la ministre autrichienne de l’Environnement Leonore Gewessler qui est intervenue à la dernière minute, pour changer la position précédente de son pays, sauvant ainsi le texte. A souligner toutefois que le chancelier autrichien a annoncé dans la foulée son intention de déposer un recours suite à l’initiative personnelle de sa ministre.

Lire le communiqué de presse de EEB (en anglais)

Pour la coalition #RestoreNature, composée de BirdLife EuropeClientEarthEEB et WWF : « Le vote d’aujourd’hui est un tournant pour la nature et les citoyens européens qui appellent depuis longtemps à une action immédiate pour lutter contre le déclin alarmant de la biodiversité. Après des années de mobilisation, nous nous réjouissons que cette loi soit désormais une réalité. Les États membres doivent maintenant la mettre en œuvre correctement et sans délais en collaboration avec tous les acteurs concernés. »

La Loi sur la restauration de la nature a connu l’un des parcours les plus tumultueux de l’histoire de la législation européenne. Après avoir survécu à une campagne de désinformation sans précédent au Parlement européen visant à la détruire, le risque était grand qu’elle soit rejetée ce matin lors de cette toute dernière étape du Conseil de l’environnement.

Ce résultat positif est également opportun en amont de la prochaine Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP16) qui se tiendra en Colombie fin 2024, montrant que l’Europe reste déterminée à mener la lutte contre les crises climatiques et de la biodiversité et respecte ses engagements mondiaux. C’est aussi un message très clair aux eurodéputés nouvellement élus, qui garantit le maintien de la biodiversité au premier plan de leur agenda ainsi que l’intégrité du Pacte vert de l’UE.

Ce succès est surtout celui d’une massive. Plus d’un million de signatures, des appels répétés de plus de 6000 scientifiques, de centaines d’entreprises et d’organisations de la société civile ont contribué à défendre la loi.

Ce résultat est le fruit d’une mobilisation citoyenne massive. Au cours des dernières années, plus d’un million de signatures et de messages de citoyens, des appels répétés de plus de 6000 scientifiques, de plus de 100 entreprises, d’organisations de jeunesse et de la société civile ont été faits pour défendre la loi et l’intégrité du Green Deal de l’UE.

Un nouveau rapport du WWF France alerte sur le déclin de la biodiversité dans les rivières françaises hexagonales

Tous les deux ans, le WWF publie un rapport mesurant l’état de la biodiversité. En 2024, c’est l’état des rivières française qui nous est présenté.  

Ainsi le rapport indique que « Malgré les dépenses déployées pour les politiques de l’eau, estimées à 500 milliards d’euros depuis 20 ans, les populations d’oiseaux et de poissons d’eau douce stagnent de manière inquiétante et seulement 43,1% des cours d’eau et plans d’eau en France hexagonale sont en bon état écologique ». Il met également en lumière « un léger déclin des populations d’oiseaux et de poissons observées en rivière (-0,4% en 20ans), avec des espèces emblématiques comme la truite des rivières ou le grèbe huppé particulièrement menacées. Cette quasi stagnation masque une dégradation globale de la qualité des petits cours d’eau du milieu rural, compensée par une amélioration de la qualité de l’eau des fleuves en aval des grandes villes ». Les populations de truite de rivières, inféodées au zones amont des rivière, illustre bien se phénomène avec une baisse de 44% des populations en 20 ans, conséquence des altérations fortes de nombreux cours d’eau de tête de bassin.

A 3 ans du délais fixé par la directive cadre eau cela pousse à réfléchir et à donner un gros coup d’accélérateur pour améliorer la résilience du cycle de l’eau (préserver les zones humides, refonte du système agricole).

Lire l’interview de Roberto Epple dans « Liberation »

Lire le rapport

Effondrement stupéfiant de 81 % de la taille des populations de poissons migrateurs depuis 1970

Le nouveau rapport de l’Indice Planète Vivante (IPV) sur les poissons migrateurs d’eau douce publiée aujourd’hui par la World Fish Migration Foundation (WFMF), ZSL, l’UICN, The Nature Conservancy (TNC), Wetlands International et le WWF annonce une baisse de 81 % de la taille des populations surveillées en moyenne entre 1970 et 2020, y compris des déclins catastrophiques de 91 % en Amérique latine et dans les Caraïbes et de 75 % en Europe.

Les populations de poissons migrateurs d’eau douce continuent de décliner dans le monde entier, mettant en péril la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de millions de personnes, la survie d’innombrables autres espèces, ainsi que la santé et la résilience des rivières, des lacs et des zones humides. La perte et la dégradation de l’habitat – y compris la fragmentation des rivières par des barrages et d’autres obstacles et la conversion des zones humides pour l’agriculture – représentent la moitié des menaces pesant sur les poissons migrateurs, suivies par la surexploitation. L’augmentation de la pollution et l’aggravation des effets du changement climatique alimentent également le déclin des espèces de poissons migrateurs d’eau douce, qui ne cesse de s’aggraver depuis 30 ans.

L’indice rend compte des tendances de 284 espèces de poissons d’eau douce d’eau douce suivies, représentant 1 864 populations (figure 1). Au niveau mondial, l’indice montre un déclin de -81 % entre 1970 et 2020 entre 1970 et 2020, soit un déclin soit un déclin annuel de 3,3 %. Cette tendance à la baisse a été constante au cours des trois dernières décennies. En ce qui concerne les tendances globales des espèces, 65 % des espèces ont décliné en en moyenne.

Dans un communiqué de presse Herman Wanningen, fondateur de la World Fish Migration Foundation a déclaré « Le déclin catastrophique des populations de poissons migrateurs est un signal d’alarme assourdissant pour le monde entier. Nous devons agir maintenant pour sauver ces espèces clés et leurs rivières », les poissons migrateurs sont au cœur des cultures de nombreux peuples autochtones, nourrissent des millions de personnes à travers le monde et soutiennent un vaste réseau d’espèces et d’écosystèmes. Nous ne pouvons pas continuer à les laisser s’échapper en silence ».

Le rapport n’est pas entièrement sombre. Près d’un tiers des espèces suivies ont augmenté, ce qui suggère que les efforts de conservation et l’amélioration de la gestion peuvent avoir des effets positifs. Parmi les stratégies prometteuses, citons l’amélioration de la gestion des pêcheries et/ou son recentrage sur les espèces, la restauration des habitats, la suppression des barrages, la création de sanctuaires de conservation et la protection juridique.

Par exemple, en Europe et aux États-Unis, des milliers de barrages, de digues, de déversoirs et d’autres obstacles fluviaux ont été supprimés au cours des dernières décennies, et l’élan en faveur de ces actions ne cesse de croître*. Les suppressions de barrages peuvent être des solutions rentables et génératrices d’emplois qui contribuent à inverser la tendance inquiétante à la perte de biodiversité dans les systèmes d’eau douce, ainsi que des solutions qui améliorent la santé et la résilience des cours d’eau, y compris pour les populations.

Si l’intensification des suppressions de barrages est une solution clé pour inverser l’effondrement des populations de poissons migrateurs d’eau douce, il en existe d’autres. Les décideurs du monde entier doivent de toute urgence accélérer les efforts de protection et de restauration des rivières à écoulement libre en planifiant à l’échelle du bassin, en investissant dans des alternatives durables et renouvelables aux milliers de nouveaux barrages hydroélectriques prévus dans le monde, ainsi que dans d’autres mesures contribuant aux objectifs ambitieux du cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, à savoir protéger 30 % des eaux intérieures et restaurer 30 % des eaux intérieures dégradées. Relever le défi de l’eau douce en restaurant 300 000 km de rivières dégradées contribuera énormément à inverser la tendance des populations de poissons migrateurs.

Outre la protection et la restauration de rivières saines, il est urgent de renforcer les efforts de surveillance, de mieux comprendre le cycle de vie, les mouvements et le comportement des espèces de poissons, de développer la coopération internationale, notamment en ajoutant davantage d’espèces de poissons migrateurs d’eau douce à la Convention sur les espèces migratrices (CMS), et de promouvoir un plus grand engagement du public et des responsables politiques.

De nombreuses initiatives ont été lancées dans le monde entier pour soutenir la restauration des espèces de poissons migrateurs et de la biodiversité des eaux douces en général. Le plan de rétablissement d’urgence de la biodiversité en eau douce met en évidence une série de mesures susceptibles de transformer la gestion et la santé des rivières, des lacs et des zones humides afin d’améliorer la santé des systèmes d’eau douce et de la biodiversité.

Voir le résumé de l’étude

Voir l’étude complète 

*En 2023, l’Europe a supprimé un nombre record de 487 barrières, soit une augmentation considérable de 50 % par rapport au précédent record enregistré en 2022. Parallèlement, aux États-Unis, les plus importantes suppressions de barrages de l’histoire sont actuellement en cours le long de la rivière Klamath, en Californie et dans l’Oregon.

Lire le communiqué de presse (en anglais) 

25 mai : Journée Mondiale des Poissons Migrateurs

La Journée Mondiale des Poissons Migrateurs* c’est dans un mois ! Le 25 mai 2024.

Plus de 200 organisations ont déjà enregistrés leurs animations, dont plus de 70 en Europe.

Inscrivez votre événement et célébrez l’importance des rivières à courant libre et des poissons migrateurs !

Consulter la carte des évènements sur  https://www.worldfishmigrationday.com/events/

Tout type d’événement est le bienvenu (visite, conférence, défi personnel, animation, inauguration, projection vidéo) et vous pouvez choisir la date qui vous convient le mieux autour du 25 mai ! Pour enregistrer un évènement RDV sur le site du World Fish Migration Day

Du 22 au 26 mai en France c’est aussi les Fêtes de la Nature. Pensez à labeliser vos évènements aussi dans ce programme.

*La Journée Mondiale des Poissons Migrateurs est une campagne de sensibilisation célébrée tous les deux ans pour mettre en évidence les liens entre les poissons, les rivières et les hommes.