Améliorer le complexe hydroélectrique de Montpezat

Fleuve Loire, Haute-Loire, France

Le complexe hydroélectrique de Montpezat : un aménagement ingénieux

Après la guerre, de nombreuses centrales hydroélectriques ont été construites en France, dont Montpezat en Ardèche de 1947 à 1954. Classé stratégique, Montpezat permet de produire une énergie de haute qualité, de l’énergie de pointe pour répondre à des besoins immédiats (130 MW) et de sécuriser la centrale nucléaire de Cruas sur le Rhône. Chaque année 220Mio de M3 d’eau de la Loire et ses premiers affluents sont collectés et stockés dans trois retenues ainsi que dans le lac cratère naturel d’Issarlès, puis envoyés à travers une galerie de 22km vers le bassin versant de l’Ardèche. La longue chute de 638m dans des conduites forcées permet de turbiner l’eau dans l’usine souterraine de Montpezat. L’eau est ensuite amenée par un canal jusqu’à un barrage démodulateur, puis rejoint la rivière Fontaulière qui se jette dans l’Ardèche. Un transfert d’eau interbassin de taille, unique au niveau européen. Plus d’infos sur le fonctionnement du complexe et les ouvrages

Un « Nouveau Montpezat » pour un meilleur partage de l’eau !

Après le chantier du « Nouveau Poutès« , SOS Loire Vivante – ERN France planche désormais en Haute-Loire sur le complexe hydroélectrique de Montpezat, véritable prouesse d’ingénierie technique de l’après-guerre pour répondre à la crise énergétique de l’époque.

L’idée directrice de cet aménagement était de détourner les gros débits de la Loire et de ses affluents vers l’Ardèche, en contrebas, afin de générer une grande hauteur de chute d’eau et produite de l’électricité à la demande. Ainsi à l’origine le complexe est géré pour optimiser la production énergétique. Puis, dans les années 90 le soutien d’étiage de l’Ardèche et de la Loire est pris en considération.

A ce jour on peut distinguer trois phases de gestion :
– Jusqu’à fin juin, on prélève et stocke l’eau. Normalement aucune production électrique ni soutien d’étiage n’ont lieu.
– Pendant la saison estivale et depuis 1988, on soutient annuellement le débit de l’Ardèche avec 8,3 Mio M3 et celui de la Loire avec 0,5 Mio M3 de 1988 à 2014
et 1,8 Mio M3 depuis 2015.
– A partir de septembre, on produit de l’électricité de pointe pendant quelques heures par jour en lâchant environ 210 Mio M3 vers le versant ardèchois via l’usine de Montpezat.

Le problème : l’eau prélevée au printemps manque à la Loire, malgré une petite restitution en période estivale. Des études ont démontré que l’impact sur l’écosystème Loire restait modeste, mais la quasi absence de crues morphogènes absorbées par le stockage printanier, empêche les effets régénérateurs des petites crues. Côté Ardèche, l’eau détournée a en revanche un effet positif. Tant mieux pour l’Ardèche qui souffre particulièrement de la rarification de l’eau. Mais le problème c’est que la disponibilité d’eau a amené de nouveaux usages conséquents en particulier pour l’agriculture et le tourisme.

Penser le nouveau Montpezat : Le renouvellement de la concession en 2029 sera l’occasion de repenser tout. Il reste peu de temps pour réfléchir à ce que nous souhaitons comme avenir pour cet aménagement.  La CLE du SAGE Haute-Loire a annoncé son souhait de lancer une étude sur l’optimisation du complexe. Optimiser n’est pas suffisant, il faut aller plus loin, et rechercher des alternatives au concept actuel de gestion du complexe. Ainsi une reconfiguration de l’ouvrage (station de repompage-STEP- ou autre), n’est pas à exclure. Il devra répondre aux nouveaux enjeux liés au changement climatique et réduire son impact écologique sur les écosystèmes, notamment sur la Loire, tout en garantissant un partage de l’eau équitable et raisonné entre l’Ardèche et la Haute-Loire.  Cela nécessite un débat démocratique à la fois au niveau local (notamment via les SAGEs et l’interSage Loire amont / Ardèche) avec une implication forte de la société civile, et au niveau national en lien avec les besoins énergétiques (ouvrage stratégique).

Ainsi le «nouveau Montpezat» pourrait être un projet phare qui profite mieux au territoire des sources  et qui s’inscrit dans une dynamique large et cohérente de biosphère UNESCO à l’échelle du «château d’eau» Loire-Ardèche-Allier. Dans ce cadre SOS Loire vivante organise depuis 3 ans des visites et webinaires et lance un appel pour une «Marche citoyenne pour l’eau et le partage équitable entre la Loire, l’Ardèche et l’Homme» avec des débats, animations et visites du 1er au 9 juillet 2023.

Des questions et des thèmes à débattre

Le renouvellement de la concession de Montepzat donne l’opportunité d’informer des enjeux autours du complexe de Montpezat, recréer du dialogue entre acteurs, partager les visions et besoins, de les prioriser au regard des enjeux sur les territoires, des besoins des milieux naturels et des tendances et évolutions du climat et du contexte énergétique et de répondre a une question essentielle : quelle sera la vocation première de l’ouvrage de Montpezat à l’avenir  : soutien d’étiage, partage de l’eau ou production d’électricité ?

La répartition équitable de la ressource en eau 

A l’heure où la ressource en eau se raréfie, la question du partage entre les différents usages se fait de plus en plus pressante. Une solidarité interbassins peut s’exercer dans des proportions équitables et durables si les enjeux représentent un intérêt général : est-il normal que les différents usagers du bassin de la Loire fassent des efforts pour l’économiser quand la moitié du débit est détourné à des fins de production électrique et pour le tourisme dans les Gorges de l’Ardèche ? Cette question doit trouver une réponse lors de la négociation entre les Commissions Locales de l’Eau Loire amont et Ardèche.

L’énergie hydraulique : renouvelable mais non verte !

On assimile souvent énergies vertes et énergies renouvelables. Pourtant, les énergies renouvelables ne respectent pas obligatoirement l’environnement. Les grandes installations hydroélectriques ont de graves répercussions sur le fonctionnement de la rivière, la faune, la flore :

Disparition des petites et moyennes crues  : Les petites et moyennes crues jouent un rôle fondamental dans la vie de la rivière en créant des milieux très riches, en alimentant en eau les zones humides annexes et en déplaçant les galets. Le détournement des eaux fait disparaître ces crues naturelles de la Loire et modifie les habitats nécessaires à la biodiversité.

Une Loire diminuée : Une grande partie des eaux de la Loire est détournée. Au niveau du Puy en Velay, à 60 kilomètres de sa source, c’est environ la moitié du débit qui manque à la Loire chaque année. Les conséquences sont nombreuses : réchauffement des eaux, raréfaction de certaines espèces et notamment des poissons, habitats qui s’assèchent… En été, le débit est réduit au minimum nécessaire à la survie du fleuve !

Le complexe hydroélectrique de Montpezat en bref

– Mise en service : 1954
– Production annuelle moyenne  : 310 GWh (ensemble Montpezat et Pont-de-Veyrières)
– Puissance : 138 MW
– Volume d’eau détourné de la Loire (Atlantique) vers l’Ardèche (Méditerranée) : 220 millions de m3 d’eau/an

Présentation du complexe, vidéo de EDF 2016

A télécharger

  • 2022. nov. 15: Webinaire organisé par SOS Loire Vivante:  Solidarité entre bassins : Combien d‘eau de la Loire pour l’Ardèche ? Qui en décide ? Comment fonctionne le complexe hydro de Montpezat (Ardèche) ? voir le replay, plus d’infos
  • 2020, dec. 08 : Webinaire organisé par SOS Loire Vivante : Changement climatique : quel partage de l’eau sur les hauts bassins Loire Allier Ardèche ?, voir le replay et programme 
  • 2016, février : Vidéo de présentation du fonctionnement du complexe de Montpezat
  • 2013, septembre : Mémoguide sur l’aménagement hydroélectrique de Montpoezat, EDF

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Cette page est mise à jour par SOS Loire Vivante – ERN France.

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