Vivre avec les crues en Europe
Pendant des siècles, les hommes ont organisé leur vie autour des fleuves, bénéficiant de leur ressource en eau, vitale, utilisant leur puissance pour produire de l’énergie, ou pour se déplacer. Les modes de vie modernes, les « progrès » technologiques ont progressivement conduits les hommes à croire qu’ils pouvaient dominer les fleuves et vivre simplement à leurs côtés sans plus chercher à s’adapter à eux, parfois même en leur tournant le dos.
Depuis quelques décennies, cependant, le contexte de réchauffement climatique a changé la donne, notamment avec une fréquence et une ampleur accrues des précipitations : les fleuves ont ainsi su rappeler aux populations riveraines leur puissance, et raviver le souvenir douloureux de certains évènements passés qui avaient marqués nos ancêtres, en particulier les inondations.
De nombreux pays d’Europe ont ainsi été affectés par des inondations de grande ampleur au cours des 20 dernières années.
Rappelons nous les terribles crues de 1997 en République Tchèque, Allemagne et Pologne (115 morts), celles de Slovaquie en 1998 (65 morts), celles de 2009 en Autriche, République Tchèque , Hongrie, Pologne, Roumanie et Slovaquie (33 morts), celles de 2010 en Pologne et Hongrie (37 morts), celle de 2010 en France dans le Var qui avait fait 25 morts, celle de 2013 en Europe centrale et orientale (Allemagne, République Tchèque, Autriche, Suisse, Slovaquie, Bélarusse, Pologne et Hongrie) qui a fait 25 morts et plus récemment encore, les crues de 2014 en Bosnie et Herzégovine, en Croatie, en Serbie et en Roumanie.
Tous ces épisodes viennent rappeler que les crues constituent des événements récurrents, qui font partie de la vie d’un fleuve mais que dans un contexte où l’homme a cru pouvoir les ignorer, elles provoquent des inondations qui engendrent des victimes et des centaines de millions d’euros de dégâts.
Il est donc de plus en plus urgent de mieux se préparer à des évènements de grande ampleur ou de moyenne intensité en intégrant dans nos modes de vie une véritable culture du risque, pour être prêts le jour J. Nous devons réconcilier l’homme et la nature à travers une culture du fleuve partagée. Nous devons faire en sorte que nos territoires soient de plus en plus « résilients ».
Pour cela, il existe de nombreuses solutions dites « fondées sur la nature « . Redonnons plus de liberté aux cours d’eau en restaurant des zones d’expansion des crues, montrons tout le potentiel des rivières dans l’amélioration du cadre de vie (loisirs, paysages, fraîcheur, …), faisons cohabiter les usages sans porter atteinte aux écosystèmes naturels… c’est tout cela qu’il faut réinventer ensemble.
Cette vision commence aujourd’hui à être partagée par de plus en plus d’acteurs, d’élus, de décideurs, de territoires qui ont compris que c’était une voie optimale à suivre pour vivre durablement près de nos cours d’eau.
A l’échelle européenne, la Directive Inondation doit aussi permettre d’homogénéiser les approches au sein de l’Union et de partager les bonnes pratiques. Cela est d’autant plus important pour des fleuves (Rhin, Danube) ou bassins transfrontaliers. Les inondations ignorent les frontières !