Hommage à Edith Wenger, grande dame des fleuves vivants

Hommage à Edith Wenger, grande dame des fleuves vivants.
Date : 16 mars 2020

Il y a quelques semaines a disparu Edith Wenger, une des pionnières de l’écologie des fleuves
en Europe et dans notre pays. Edith Wenger a longtemps travaillé au WWF Allemagne, au sein de l’équipe scientifique de l’Institut des Plaines Alluviales, basé à Rastatt. Avec l’Institut, elle avait entre autres rédigé dans les années 80 divers livrets sur l’écologie et la gestion des fleuves, dont, pour le compte du Conseil de l’Europe un texte sur la Loire et l’Allier. L’ouvrage a permis à plus d’un citoyen de comprendre que notre rapport aux écosystèmes fluviaux devait évoluer, après des siècles d’endiguements, de rectifications, de constructions de grands ouvrages. Et donc de montrer que les projets d’aménagement de la Loire prévus à l’époque par un syndicat d’élus, l’Epala, Etablissement Public d’Aménagement de la Loire et de ses Affluents, devaient être abandonnés. Dans les années 80, dans un pays comme la France, plutôt raide sur les questions écologiques, un tel positionnement était iconoclaste. Et courageux.
Il est important de revenir sur cette histoire. Important de rendre hommage au travail de cette
grande dame de la protection et de la restauration des fleuves. Sans elle, sans les citoyens,
scientifiques, entrepreneurs, fonctionnaires, chercheurs et rares élus qui ont pris avec elle, grâce à elle le risque de critiquer une culture dominante de l’artificialisation de la nature, notre regard collectif sur la nécessité de restaurer et protéger les fleuves n’aurait peut-être pas changé. Et sans elle, le mouvement Loire Vivante n’aurait pas réussi à inverser le cours de l’histoire de l’aménagement de la Loire, histoire qui conduisait inexorablement au bétonnage du « dernier fleuve sauvage d’Europe ».

Edith Wenger a contribué à créer en ce temps-là, avec le soutien de divers scientifiques, pêcheurs, naturalistes regroupés dans diverses ONG, le WWF, FNE, Amis de la Terre, Robin des Bois une opposition crédible au programme de grands barrages qui menaçait la Loire.

Edith et l’Institut des Plaines Alluviales ont apporté, avec d’autres scientifiques, les premiers
éléments qui ont permis de comprendre que continuer à construire ces grands ouvrages était plus porteur de périls que de promesses. Barrer la Loire irait à contre-courant de décennies de recherches montrant que la simplification des fleuves, leur régularisation, leur artificialisation entrainait, outre l’illusion dangereuse de maîtriser la nature, une série de conséquences négatives, coûteuses pour nos sociétés.

Edith Wenger a contribué à faire comprendre qu’aménager les cours d’eau avec la seule règle de l’ingénieur et l’illusion de maîtrise pouvait aggraver le risque naturel d’inondations, altérer la qualité de l’eau en plus d’appauvrir fortement la biodiversité, avec par exemple le risque de disparition du saumon et des poissons migrateurs, incapables de franchir des murailles de béton.

Sur la Loire, Edith Wenger s’était particulièrement investie dans le secteur du Bec d’Allier, vers Nevers aidée localement par une autre grande dame, Mme Voiret afin de s’opposer à la création d’un grand barrage écréteur, celui du Veurdre. Elle avait organisé au Bec d’Allier, en 1988, la visite du Prince Philip, président du WWF International qui a lancé le cri de ralliement de Loire Vivante « Vive la Loire sauvage ». Edith a aussi travaillé avec l’AuenInstitut sur le Mississipi, le Pantanal, le Danube afin de porter inlassablement cette parole si neuve et dérangeante à l’époque de l’intérêt de changer de regards sur les fleuves, formidables hydro-systèmes pour qui sait voir.

Pour les fleuves, des personnes comme Edith Wenger ont permis de tracer le chemin pour la transition en cours . Il ne faut pas l’oublier. Et lui exprimer notre gratitude, nos remerciements.

Loire Vivante, SOS Loire Vivante, ERN

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