logo Living Rivers Europe

Stratégie européenne de résilience de l’eau, une ambition freinée par un manque d’engagements concrets

Le 4 juin 2025, la Commission européenne a présenté sa stratégie de résilience de l’UE dans le domaine de l’eau, un texte attendu alors que les pénuries, les inondations et les pollutions menacent de plus en plus les écosystèmes aquatiques.

Mais derrière les intentions affichées, le contenu déçoit.

Ce document, censé répondre à l’appel lancé par la coalition Living Rivers Europe dans ses recommandations reste en retrait sur plusieurs aspects. Il manque d’engagements concrets, de financements clairement identifiés et d’outils de gouvernance vraiment opérationnels. Après le vote du Parlement européen le 7 mai, plusieurs ONG avaient déjà exprimé leurs doutes sur la capacité de l’Europe à se donner les moyens de répondre à la crise de l’eau. La stratégie reflète l’opinion de la Commission selon laquelle « le cadre législatif est déjà en place » en s’appuyant sur la directive-cadre sur l’eau, la directive sur la gestion des inondations et le règlement sur la restauration de la nature, nouvellement adopté, pourtant les échecs « persistants de la mise en oeuvre freinent les progrès ».

Le texte met en avant les solutions fondées sur la nature, mais sans fixer d’objectifs juridiquement contraignants ni prévoir de budgets spécifiques pour les mettre en œuvre. Les incitations proposées restent trop vagues pour produire un réel changement. Dans deux réactions distinctes, la fédération EurEau et la coalition d’ONG Living Rivers ont regretté l’absence d’objectifs visant à réduire les prélèvements d’eau dans la stratégie. Un tel objectif figurait pourtant dans une version provisoire de la communication – que Contexte avait publiée – mais il a finalement été remplacé par un objectif consistant à améliorer « l’efficacité de l’usage de l’eau » dans la version finale présentée par la Commission le 4 juin. L’objectif d’efficacité est défini de façon floue : il « ne fournit aucune base de référence, aucune feuille de route sectorielle ni aucun mécanisme de mise en œuvre pour y parvenir ». La coalition d’ONG déplore aussi que l’objectif ne soit, de toute façon, pas contraignant.

Sur la pollution, les mesures sont encore trop faibles, en particulier sur la prévention à la source ou l’application du principe pollueur-payeur. Pourtant, les PFAS, les nitrates et les autres substances nocives continuent de polluer les eaux partout en Europe.

Le manque de feuille de route pour le secteur agricole, combiné à l’absence d’objectifs chiffrés par domaine, affaiblit la stratégie.

Comme le rappelle Living Rivers Europe, sans moyens concrets ni plan précis, cette ambition risque de rester sans suite. Pendant ce temps, la pression sur les rivières et les zones humides ne cesse de s’aggraver.

Les prochains mois diront si la Commission et les États membres sauront passer des promesses aux actes et prendre des décisions à la hauteur de l’enjeu.

Plus d’infos : lire le communiqué de presse de Living Rivers Europe

Consultation publique : Participez à l’élaboration du plan national « Agir pour restaurer la nature »

La France lance une consultation publique sur son futur plan national « Agir pour restaurer la nature ». Ce plan a pour but de restaurer les milieux naturels dégradés, conformément au nouveau règlement européen sur la restauration de la nature. L’objectif fixé par l’Union européenne est de restaurer au moins 20 % des zones terrestres et marines d’ici 2030, avec des étapes intermédiaires en 2040 et un objectif final en 2050.

Ce projet s’inscrit dans la Stratégie nationale biodiversité 2030 et cible en priorité les milieux les plus fragiles comme les zones humides, les forêts, les rivières, les littoraux et les fonds marins.

Cette consultation s’adresse à toutes et tous : citoyens, associations, collectivités, professionnels, habitantes et habitants concernés. Donner son avis, c’est contribuer à un plan plus juste, mieux adapté aux besoins des territoires et plus efficace pour restaurer la biodiversité. C’est aussi l’occasion de proposer des idées et de faire connaître les priorités locales.

La concertation est menée sous la responsabilité de la Commission nationale du débat public, garante de la transparence et de l’impartialité du processus. Elle se déroule du 23 mai au 23 août 2025. Toutes les informations utiles, le calendrier des évènements et les modalités de participation sont disponibles sur le site officiel : https://restaurer-la-nature.biodiversite.gouv.fr.

logo Living Rivers Europe

Recommandations de la coalition Living Rivers Europe pour renforcer la stratégie européenne de résilience dans le domaine de l’eau

Début juin sera voté par la stratégie européenne de résilience dans le domaine de l’eau.

Mais suite au récent rapport voté par le Parlement Européen le 7 mai dernier, et des rapports des médias sur le projet de la Commission, la coalition d’ONG Living Rivers Europe craint que la stratégie à venir ne dispose pas des outils nécessaires pour rendre l’Europe véritablement résiliente à l’eau. Pourtant cette stratégie est destinée à répondre à l’urgence croissante de la pénurie d’eau, des inondations, de la pollution et de la dégradation des écosystèmes sur l’ensemble du continent.

Le texte pourrait manquer d’engagements contraignants, de financements dédiés et d’outils de gouvernance nécessaires pour assurer une mise en œuvre significative et un changement systémique. Sans ces éléments, l’ambition restera sur le papier et ne permettra pas de faire face aux pressions croissantes qui s’exercent sur les rivières et les zones humides d’Europe. La coalition d’ONG Living Rivers Europe a envoyé le 20 mai, une lettre à la Commission européenne dans laquelle elle présente ses recommandations pour que la stratégie puisse aider l’Europe et les citoyens.

Déjà début mai la coalition Living Rivers Europe, indiquait que les recommandations du parlement européen allait dans la bonne voie mais manquait d’ambition, le texte mettant l’accent sur les « infrastructures grises » – c’est-à-dire les systèmes et structures créés par l’homme – au détriment des solutions basées sur la nature.

En effet, dans leur rapport, adopté le 7 mai par 470 voix pour, 81 contre et 92 abstentions, les députés appelaient à une stratégie ambitieuse permettant à l’UE de mieux gérer ses ressources en eau et de répondre plus efficacement aux enjeux actuels dans ce domaine. Le texte soulignant que l’eau est non seulement essentielle pour la santé et la vie, mais constitue également un élément central de l’économie européenne, de sa compétitivité et de ses efforts en matière d’adaptation au changement climatique. Les recommandations visant des objectifs d’efficacité hydrique, une réduction de la pollution et une meilleure préparation aux catastrophes mais sans véritables outils. Plus d’infos et ici

Publication du rapport 2024 de Dam Removal Europe sur l’effacement des barrages

A retenir :

542 obstacles supprimés en 2024 dans 23 pays – soit une augmentation de 11 % par rapport à l’an passé.
2900 km de rivières ont été reconnectés à travers le continent
4 pays ont supprimé leurs premières barrières

Ces chiffres soulignent le soutien croissant à l’effacement des barrages à travers l’Europe, ainsi que la compréhension croissante par les communautés et les gouvernements des avantages de la reconnexion et de la restauration de nos rivières pour l’homme et la nature. Ces actions contribuent à renforcer la résilience climatique et à inverser la perte de la nature.

lire le rapport 

lire le communiqué de presse (en anglais)

 

Figure 1. Nombre d’obstacles supprimés par pays en 2024. Notes : l’encadré montre les suppressions par pays au Royaume-Uni. Les pays qui ont officiellement levé leurs premières barrières en 2024 sont marqués d’un astérisque (*).

 

Loire/Ardèche : Montpezat – Quo Vadis !

Depuis plusieurs années, SOS Loire Vivante- ERN mène avec succès des actions de communication au sujet du complexe hydroélectrique de Montpezat et du renouvellement potentiel de la concession fin 2028.

Un sujet épineux, car derrière la question de la production d’énergie (135 MW), il s’agit en réalité d’un des plus grands transferts d’eau européen entre les bassins de la Loire et de l’Ardèche de 80 – 300 Mio M3 /an.

Pour poser les bases de la future concession et partager les diverses problématiques autour de la gestion de l’ouvrage, un groupe de travail restreint inter-sage Loire amont / Ardèche, piloté par le Préfet de la Haute Loire s’est constitué. Le GT, dans lequel SOS Loire Vivante -ERN est présent livrera ses recommandations à l’InterSAGE d’ici la fin d’année 2025.

Afin de mettre tout le monde au même niveau de connaissance, les deux premières réunions ont été consacrées à l’hydroélectricité et aux milieux naturels, fin mai, il sera question des usages. Un médiateur a été désigné pour les réunions suivantes. C’est SAGE….

SOS Loire Vivante – ERN invitera à l’été les ONG intéressées des deux bassins Loire et Ardèche à un séminaire-visio afin de faire le point et de cristalliser les premiers éléments de positionnement.
> plus d’information sur le complexe hydroélectrique de Montpezat

Passe à poissons de Rhinau : les travaux se terminent dans les temps

L’impressionnante passe à poissons de Rhinau sur le Rhin sera mise en eau la semaine prochaine pour les essais.
Les délais pour la réalisation des travaux ont été tenu.

Un important dispositif de monitoring permettra de suivre la fréquentation de la passe.

©Daniel Reininger – Alsace Nature

Plus d’infos

 

Prix Goldman 2025 : EcoAlbania Récompensé pour la Vjosa

Depuis 1989, le prix Goldman pour l’environnement est décerné à des « héros » de l’environnement à travers le monde. En Europe, et dans la catégorie « eaux douces », deux militants albanais de Eco Albania ont été récompensés pour leur défense de la Vjosa, l’un des derniers fleuves sauvages du continent. Au travers de leur campagne ils ont réussit à empêcher la construction multiples de barrages et à désigner la Vjosa et plusieurs de leurs affluents parc national.

En 1992 la France et la Loire Vivante avaient aussi été récompensé au travers de Christine Jean qui avaient coordonné la campagne nationale pour empêcher la construction de barrages sur la Loire à Serre de la Fare, le Veurdre et Chambonchard.

Plus d’infos

Mardi 20 mai de 16h à 17h30 : webinaire organisé par ERN « en savoir plus sur Open Rivers Programme »

Open Rivers Programme se poursuit, il subventionne des projets d’effacement d’obstacles, études préparatoires ou travaux. ERN – SOS Loire Vivante, vous accompagne et vous conseille si vous souhaitez candidater. En vu du prochain appel à projet, un webinaire pour présenter le programme, les critères d’éligibilité et poser vos questions est organisé le 20 mai de 16h à 17h30 inscription obligatoire.

 

Open Rivers Programme : Deux nouveaux projets sélectionnés en partenariat avec ERN et le SMDMCA

Open Rivers Programme poursuit son soutien d’actions de restauration des continuités en Europe.

Dans ce cadre, deux nouveaux projets, soutenus par ERN en partenariat avec le SMDMCA viennent d’être sélectionnés en France dans le Cantal : les travaux d’effacement du seuil de Batitan et de Moulin Bas.

Cela porte désormais à 13 le nombre de projets (études ou travaux) en partenariat avec ERN et Open Rivers Programme en France.

Seuil de Moulin Bas ©SMDMCA

Le projet Moulin Bas

Le seuil du Moulin Bas est situé sur le ruisseau de la Souvigne, un affluent de la Dordogne. Ce cours d’eau, classé en listes 1 et 2 (L.214-17 du CE) est doté d’une grande importance écologique. En 2018, la Souvigne abritait 8,4 % des frayères de grands salmonidés du bassin de la Dordogne, selon une étude menée par ECOGEA pour MIGADO. Le seuil du Moulin Bas constitue un obstacle pour les poissons migrateurs. Il sera donc supprimé lors des travaux prévus pour l’automne 2025, ouvrant 15 km de rivière, soit 83 % du linéaire de la Souvigne. Plus d’infos

Seuil de Batitan ©SMDMCA

Le projet Batitan

Le barrage du Batitan est situé sur le ruisseau des Branugues, un affluent de la Cère, dans le département du Cantal. Le ruisseau des Branugues abrite de nombreuses espèces, dont la truite fario et la lamproie de rivière. Comme pour le projet Moulin Bas, les travaux débuteront à l’automne 2025, ce qui permet d’ouvrir plus de 8 km de cours d’eau, soit 87 % du ruisseau. En éliminant cet obstacle, il sera possible de restaurer des habitats de frayères en amont et de renforcer la population de truites déjà présentes dans le cours d’eau. Plus d’infos 

 

 

Webinaire à venir

En amont du prochain appel à projet de Open Rivers Programme, ERN organisera un webinaire pour présenter le programme et les critères d’éligibilités. (date pressentie – 20 mai 2025 à confirmer).

 

Dates des prochains appels à projets Open Rivers Programme

  • Session d’été 2025 : du 9 juin au 4 juillet 2025 (décision et démarrage des projets à partir de novembre 2025)
  • Session d’automne 2025 : du 6 octobre au 31 octobre 2025 (décision et démarrage des projets à partir de mars 2026)

Pour en savoir plus sur ces projets et le programme Open Rivers :

 

Disparition de Philippe Auclerc et Laurent Roy : hommage

En ce début mars 2025, nous avons appris avec tristesse la disparition brutale de deux hommes passionnés et engagés pour les rivières : Philippe Auclerc, Rédacteur en chef pendant 25 ans de « La Loire et ses Terroirs » et de la lettre « Les Nouvelles du bassin de la Loire » et Laurent Roy, ancien Directeur de l’Eau et de la Biodiversité au Ministère de 2013 à 2015 et ancien Directeur de l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse jusqu’en 2023. Notre association a eu la chance de travailler avec eux, ils ont souvent partagé les visions de notre association et leurs compétences ont fait avancer la cause des rivières.

Philippe Auclerc était un fin connaisseur du territoire ligérien et de ses acteurs. Son engagement pour la préservation de la Loire et de ses affluents était profond et sa plume était sincère et souvent aiguisés sur la description du jeu d’acteur et le sens de la gestion de l’Eau du bassin. Son travail a plusieurs fois croisé les actions de l’association SOS Loire Vivante, il est venu nous voir dès les débuts de notre combat dans les années 1990 et a encore récemment été le modérateur de notre dernier colloque « Des Saumons et des Hommes » à Brioude en 2023, un sujet qui l’animait fortement. À travers ses écrits, il a su sensibiliser un large public aux enjeux environnementaux et patrimoniaux de ce fleuve. La disparition de Philippe marque la fin d’une époque pour les passionnés de la Loire, c’était le seul encore aujourd’hui à informer de la vie du fleuve, avec un sens critique, de la source à l’estuaire. Nous espérons que son projet de relier les ligériens perdurent. Nos pensées vont à sa famille et ses proches.

Laurent Roy a également joué un rôle important en faveur des politiques de gestion de l’eau et de préservation de la biodiversité en France tout au long de sa carrière. Avec European Rivers Network nous avons pu le rencontrer plusieurs fois lorsqu’il était au Ministère et à l’Agence de l’Eau, notamment au sujet du rétablissement de la continuité écologique sur le Rhin ou en lien avec le projet du label « Sites Rivières Sauvages ». Homme de conviction, sa capacité à dialoguer et échanger de manière constructive en faisait une personnalité respectée dans le milieu. Nous présentons nos sincères condoléances à sa famille.