Effacement du barrage de Kernansquillec

Le Léguer (Fleuve côtier), Côtes d’Armor, France, 1996

Contexte

Ce barrage d’environ 15 m de haut sur le Léguer, en béton à voûtes multiples construit vers 1920, sous le régime de la concession, alimentait une papeterie en électricité. La retenue (400 000 m3), située à l’aval de zones agricoles, souffrait d’une forte eutrophisation des eaux et d’un envasement très important de l’ordre de 50%. La dernière vidange de la retenue effectuée lors de la visite décennale, réalisée en France tous les dix ans sauf dérogation, s’était révélée catastrophique pour la faune aquatique, ensevelie sous la vase. Lors de l’instruction de l’autorisation devant succéder à la concession, l’administration a indiqué au concessionnaire sortant les conditions de l’octroi du nouveau titre : notamment augmentation de la capacité des ouvrages évacuateurs de crue, désenvasement de la retenue. L’ancien concessionnaire a préféré renoncer à sa demande : les ouvrages ont été remis à l’Etat à la fin de la concession le 31 décembre 1993.

Lors des crues de janvier 1995, sept maisons avaient dû être évacuées en aval sur la recommandation des experts, en raison de l’insuffisance des ouvrages évacuateurs de crues, l’eau étant prête à déverser par dessus le barrage. En outre, il fermait la rivière du Léguer à la circulation des saumons et autres poissons migrateurs. Compte tenu de son intérêt énergétique limité, de sa vétusté et des risques pour la sécurité publique et l’environnement, l’Etat a décidé de démolir l’ouvrage.

Maîtrise d’ouvrage

La maîtrise d’ouvrage a été assurée par l’Etat (ministère de l’Industrie). Le coût de 0,9 Million € (6,1 millions de francs) a été supporté par l’Etat avec une aide de l’agence de l’eau.

Difficultés particulières

Les principales difficultés ont concerné la vidange et les précautions à prendre en raison du fort envasement de la retenue et de la présence d’une pisciculture et de captages d’eau potable à l’aval. La vidange du barrage, autorisée par un arrêté préfectoral du 12 avril 1996, a été précédée d’un hydrocurage, sur l’axe du lit mineur, de 95 000 m3 de boues, avec traitement dans des lagunes de décantation afin de protéger la rivière en aval. Elle s’est terminée sans atteinte notable à la qualité des eaux grâce aux précautions prises.

Le permis de démolir a été accordé par le préfet le 17 septembre 1996. Les travaux de démolition du barrage ont été achevés en 1996 sans difficulté particulière. Une opération de réhabilitation et de mise en valeur de l’ensemble de la vallée, y compris une friche industrielle proche du barrage, va être engagée maintenant par l’association de sauvegarde du Léguer.